La trilogie suicidaire de The Cure,
Seventeen Seconds, Faith, Pornography
Il y a eu la trilogie électrique de
Bob Dylan en 1965-1966 (Bringing It All
Back Home, Highway 61 Revisited, Blonde On Blonde), les trois albums
berlinois de David Bowie en 1977-1979 (Low,
Heroes, Lodger). Il ne faudrait pas oublier la série crépusculaire de The
Cure, trilogie fuligineuse, fleuron de la Cold Wave , prototype du mouvement gothique (Dark
Wave).
Robert Smith est né en 1959, à
Blackpool. Il a été élevé à Crawley, non loin de Londres, entre la capitale et
la côte sud. Il a pu se nourrir du mouvement punk. Il n’avait que 18 ans au
moment d'« Anarchy In The UK », des Sex Pistols. Il était de cette
génération. Autre élément déterminant : la proximité géographique de sa
banlieue.
Robert Smith, à cette époque, était
encore beau. Il n’avait pas ce visage bouffi qu’on lui a connu depuis, cet air
de Raminagrobis repu, ou de chat qui digère (« The Lovecats »). Il attachait souvent au ciel ou
promenait autour de lui des regards pleins de tristesse. Sa démarche, sa voix,
son sourire, sa physionomie avaient quelque chose de rêveur ou de souffrant.
D’ironique parfois. De désolé souvent.
Il lui prenait des accès de pensées
noires qu’on avait peine à dissiper. A vingt ans, il déplorait déjà la perte de
ses jeunes années (« Primary »). Il aurait voulu s’ensevelir aux
fins fonds de la campagne, contempler l’océan à longueur de journées.
Tout lui était souci, chagrin,
blessure. Une suite d’accords trop difficiles, une mélodie qu’il cherchait, le
tourmentait des jours entiers. Il avait peur d’y perdre son temps, son âme. Il
renonça à l’étude de l’art asiatique, à la fréquentation des bimbos (« I
can lose myself in Chinese art and American girls » sur « The Figurehead »).
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