mardi 18 août 2015

Interview de Robert Garnier, pour sa tragédie Hippolyte, en 1573.

Pardon, ce n'est pas très marrant, mais j'ai pensé que cela pourrait vous amuser, cette langue fin XVIème...



Interview de Robert Garnier, pour sa tragédie Hippolyte, en 1573.


Robert Garnier, dans le songe d’Hippolyte, vous évoquez l’arrivée de l’aurore ?


 


Les monts sourcilleux commencent à jaunir.


Hippolyte est content de revoir le soleil ?


 


Il  le salue, lui, son char, ses chevaux, & ses beaux rayons d'or.


Il vient de faire un rêve éprouvant ?


     


Il lui semblait dormant, qu’il errait solitaire
Au creux d'une forêt, son ébat ordinaire.


L’endroit était particulièrement sombre ?


 


Il y faisait obscur non pas du tout comme
En une pleine nuit, qu'accompagne le somme :
Mais comme il fait au soir, après que le soleil
A retiré de nous son visage vermeil.



Il avait ses chiens de chasse avec lui ?


 


Quatre de ses chiens y entrèrent d'aventure,
Quatre molossiens de guerrière nature.


 


Ils avaient senti la présence d’un gibier quelconque ?



Il se vient présenter un grand Lion affreux,
Le plus fort & massif, le plus épouvantable
Ses yeux étaient de feu, qui flambaient tout ainsi
Que deux larges tisons dans un air obscurci.
Sa gueule était horrible, & horribles ses dents
Qui comme gros piquets apparaissaient dedans.
     


Les chiens ont dû avoir peur ?


 


Et pas qu’un peu !


 


Bien que hardis, si tôt qu’ils l'avisèrent
Que saisis de frayeur, dehors ils s'élancèrent :
Accoururent vers lui, tremblant & pantelant,
Criant d'une voix faible.


 


Ils ont détalé vite fait ?


 


Comme un grand chef guerrier, qui voit ses gens en fuite,
A beau les exhorter, les prier, supplier
De retourner visage, & de se rallier :
A beau faire promesse, a beau donner menace,
C'est en vain ce qu'il fait : ils ont perdu l'audace,
Ils sont sourds & muets, & n'ont plus autre soin,
Que de hâter le pas & de s'enfuir bien loin.


 


Le fauve s’est jeté sur Hippolyte ?


 


Ses griffes fondaient dans son estomac nu,
L'écartelant sous lui comme un poulet menu
Qu'un Milan a ravi sous l'aile de sa mère,
Et le va déchirant de sa griffe meurtrière.


 


C’est à ce moment-là qu’il s’est réveillé ?



Vaincu de tourment il jette un cri si haut,
Qu’il en laisse son songe, & s'éveille en sursaut,
Si froid & si tremblant, si glacé par la face,
Par les bras, par le corps, qu’il n'était  que glace.
Il  fut longtemps ainsi dans son lit étendu,
Regardant çà & là comme un homme éperdu,
Que l'esprit, la mémoire, & le sens abandonne,
Qui ne sait ce qu'il est, ne connaît plus personne,
Immobile, insensible…


 


Puis il a fini par se raisonner ?


 


Il s’est dit : « Ce n'est qu'un vain semblant, qu'un fantôme, une image
Qui nous trompe en dormant, & non pas un présage »…



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