Dominique
A.
Eléor
Wagram
Music (2015)
Dans
"Cap Farvel", les couples sont éphémères : "L'un à l'autre
accrochés, comme on s'accroche au rêve / Dont on sait en dormant qu'il va nous
échapper." Des alexandrins bien construits. Des allusions à la mythologie
: "Neptune, Eole ou bien Gaïa." Une histoire de suicide un peu trop
romantique : "D'un même rocher, un jour, ils ont plongé."
"Par
le Canada" évoque un ami disparu qui rêvait d'aller au Québec et n'y est
jamais allé. Le chanteur se pose bien des questions : "D'où lui venait ce
goût qui ne s'expliquait pas ? / Et rien
que des photos que ses yeux ont usées, / Lui qui ne bougeait pas et préférait
rêver / Du Canada." Dominique A en tire une leçon : "Il y a des rêves
qui ne meurent pas, / Qu'on vous repasse / Et qui vous restent les bras, / Qui
vous dépassent, / Il y a des rêves qu'on ne refuse pas." Le narrateur
s'est donc emparé de ce rêve et a fait ce pèlerinage à la place de l'ami
d'autrefois : "Des bords du Saint-Laurent à Downtown Ottawa, / Depuis un
mois je ne fais que marcher, / Et mes yeux sont ses yeux et les pas sont ses
pas."
Dans
"L'Océan", Dominique A essaie de retrouver la force et la puissance
du vieil Hugo, mais sa voix est toujours aussi feutrée, effacée : "On
l'entendait de loin s'écraser contre terre, / Ecumer de colère d'être ainsi
rejeté, / Au pied des pauvres dunes, sur d'indignes rochers, / Lui pourtant si
puissant, pourtant si volontaire." Une strophe bien carrée, avec des rimes
embrassées, une vraie science de la
prosodie, une technique bien maîtrisée. Les enfants d'autrefois voyaient
l'océan comme un être redoutable : "On courait sur les dunes et il
apparaissait, / Et parfois il daignait nous couvrir d'écume, / Un de ces jours
bleu gris où sa colère montait." L'expression "enfants d'Eole"
semble venir indirectement de La Fontaine (Le Chêne et le Roseau) et l'oxymore
"douce violence" rappelle un vieux titre de Johnny Hallyday. L'océan
a des vertus thérapeutiques : "Dès qu'on entrait en lui, il noyait nos
peines."
"Semana
Santa" est plein jusqu'à ras bord de galions et de conquistadors :
"Les vagues remuaient des histoires anciennes / Où des bateaux gavés d'or
hantaient l'océan."
Parfois
de beaux alexandrins, d'une belle facture classique, mais cela suffit-il pour
faire de bonnes chansons si ces vers ne sont pas habités ? C'est un fantôme
fragile qui semble les chanter.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire