vendredi 3 février 2012

Coffret Clapton. Crossroads

Coffret Clapton. Crossroads

(1988)

Mini bio
On ne présente plus Eric Clapton, génial guitariste du Swinging London et des décennies suivantes. Dès 65, Clapton quitta les Yardbirds. Il voulait jouer du blues, n’avait que dédain pour le reste. Il fut engagé par Mayall, un ancien publicitaire de Manchester. Ce Mayall, je l'ai vu deux fois sur scène au Marquee, en 69, à l'époque du « Turning Point », et en 2010 il tourne encore ! Il avait encore cet air de Faune, prétentieux et arrogant. Imbu de lui-même, très satisfait de son petit talent. Mais c'était un découvreur de musiciens hors pair. Il savait tirer des gens tout le potentiel qui y sommeillait. Clapton fut donc engagé. Jamais Mayall n’avait entendu un guitariste sonner ainsi, avec une telle technique, un tel feeling, une telle aisance. On le surnomma « slowhand » par antiphrase. Jamais un Blanc n’avait joué si vite, ni si juste. Il y en eut même pour le diviniser… Clapton n’en demandait pas tant. C’était un petit gars qui voulait jouer du blues, et, si possible, du Chicago Blues.
Mayall engagea comme bassiste un jeune Ecossais qui sortait du conservatoire de Glasgow, où il avait étudié le violoncelle. Ce musicien se nommait Jack Bruce. Très vite sa complicité avec Clapton  fut évidente. Les deux hommes trouvaient un réel plaisir à jouer ensemble. Mayall, au début, n’en prit pas ombrage. Les ventes des Bluesbreakers avaient commencé à décoller. La mode, enfin, était au blues.
L’idée de « Cream » revient à Ginger Baker, un grand type hâve, pas facile à vivre, plutôt « grande gueule ». Le trio se forma sous de mauvais auspices. Il y avait déjà tout un contentieux entre Ginger et Jack Bruce, des bagarres, des mésententes, une querelle de préséance. Néanmoins, ils s'estimaient comme musiciens. Après un premier album, Fresh Cream, avec les trois types en aviateurs sur la pochette, et des 45 tours un peu convenus, on passa aux  choses sérieuses. Ce fut Cream… Puis il y eut d’autres formations et la carrière solo que l’on connaît et qui dure toujours.
Le livret/artwork
Je possède la réédition Long Box de 1996, en 4 CD.  Le livret fait 44 pages et comporte 25 pages de notes sur la carrière de Clapton par Anthony DeCurtis, de la revue Rolling Stone. Les morceaux sont détaillés dans les pages suivantes, avec dates et lieux d’enregistrement (des précisions bienvenues), sur pas moins de douze pages grand format ! On trouve aussi des visuels de tous ses albums jusqu’à « August », hélas ! en noir et blanc.
Contenu
Ce coffret de 4 CDs présente tous ses classiques plus une douzaine d’enregistrements rares ou inédits. Ils sont classés dans l’ordre chronologique : le Yardbirds, les Bluesbreakers de John Mayall, Cream, Blind Faith, Delanney and Bonnie and friends, Derek and the Dominos et les albums solo.
Sur le premier CD, on retiendra la version de Boom Boom de John Lee Hooker par les Yardbirds, le « For Your Love », de Gouldman, le tube qui lança les Yardbirds, et surtout la période Cream, la plus riche de Clapton.
Sur « Tales Of The Brave Ulysses » le jeu de Clapton semble parfait. Le texte en est intéressant mais il n'est pas assez dément pour être psyché. Malgré les petits poissons violacés qui frétillent en riant entre les doigts. On retrouvera ce type de paroles, mais en plus original chez Andy Partridge (« Jason And The Argonauts », sur English Settlement). Sans oublier les géniaux « Sunshine Of Your Love » et « Strange Brew », les Cream dans toute leur splendeur. Sur le second CD, encore du Cream. Des extraits du troisième album, l'excellent « Wheels Of Fire » (août 1968). On écoutera toujours le sublime « Crossroads » live, et « Badge », composé par George Harrison en collaboration avec Eric, une mélodie digne des Beatles d'Abbey Road, avec le gimmick de « You Never Give Me Your Money. »  On entend la voix chaude et noire de Stevie Winwood sur « Presence Of The Lord », une chanson mystique de la période Blind Faith. Puis il y eut « Layla », morceau dédié à Pattie Boyd. On en trouvera ici la version électrique (Derek and the Dominos) mais pas la version acoustique.
Sur le troisième CD, on retrouve la reprise de Bob Marley, « I Shot The Sheriff », enregistrée en décembre 1974, et celle de Dylan « Knockin’ On Heaven’s Door », traitée façon reggae (c’était la mode).
Sur le quatrième CD, un morceau avec Bob Dylan, « Sign Language », extrait de No Reason to Cry (1976). Sans oublier la grande reprise de J.J. Cale (« Cocaïne »).
Critique
Une bonne compilation 1965-1988, mais les inédits ne m’ont pas semblé très intéressants : il y a « Further On Up The Road », qui date de 1977, il y a surtout des morceaux durs à dénicher, des « extra tracks » qui ne figurent que sur des « 12 ’’singles » comme « Wanna Make Love To you ».
Clapton, c’est l’un des guitaristes les plus doués de tous les temps.

Jérôme Pintoux
Le 19.9.2010

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