mardi 31 janvier 2012

Nouvelle interview d'Honoré de Balzac pour Séraphita, en 1835.


Interview d’Honoré de Balzac pour Séraphita, en 1834.
Honoré de Balzac, la carte de la Norvège vous étonne-t-elle ?
A voir sur une carte les côtes de la Norvège, quelle imagination ne serait émerveillée de leurs fantastiques découpures, longue dentelle de granit où mugissent incessamment les flots de la mer du Nord ?
On n’y trouve aucune plage ?
Qui n’a rêvé les majestueux spectacles offerts par ces rivages sans grèves, par cette multitude de criques, d’anses, de petites baies dont aucune ne se ressemble, et qui toutes sont des abîmes sans chemins ?
La Norvège vous fait penser à un saumon ?
Ne dirait-on pas que la nature s’est plu à dessiner par d’ineffaçables hiéroglyphes le symbole de la vie norvégienne, en donnant à ces côtes la configuration des arêtes d’un immense poisson ?
C’est un peuple de pêcheurs ?
La pêche forme le principal commerce et fournit presque toute la nourriture de quelques hommes attachés comme une touffe de lichen à ces arides rochers.
Ils sont peu nombreux ?
Là, sur quatorze degrés de longueur, à peine existe-t-il sept mille âmes.
Les fjords sont très escarpés ?
Partout la mer est entrée dans leurs cassures, mais partout les rochers s’y sont diversement fendus, et leurs tumultueux précipices défient les termes bizarres de la géométrie.
Sur leurs flancs poussent des sapins ?
Oui. Des arbres au noir plumage.
Au printemps la fonte des glaces semble impressionnante ?
Certains fiords sont fermés par des blocs de gneiss couronnés de forêts, d’où tombe en cascades une rivière qui à la fonte des neiges devient un fleuve, forme une nappe d’une immense étendue, s’échappe avec fracas en vomissant de vieux sapins et d’antique mélèzes, aperçus à peine dans la chute des eaux.

Propos recueillis par Jerome Pintoux le 30.1.2012.
1640ème interview au brouillon. 1503ème au propre.

3 commentaires:

  1. Etes-vous allé en Norvège?

    HB. Non, je n'ai pas quitté Saché.

    Comment pouvez-vous connaître si bien les lieux et les moeurs?

    HB. La force de la pensée, la puissance de l'imagination, et l'inspiration puisée dans le café et les omelettes.

    RépondreSupprimer
  2. A propos de Saché, j'ai fait au brouillon une autre interview de Balzac : je suis tombé sur une nouvelle où il décrit Saché, j'en suis sûr à 90 %, c'est "La Grenadière".

    RépondreSupprimer