samedi 24 décembre 2011

Interview de Clément Marot

Interview de Clément Marot  en 1542.

Vous avez été le premier éditeur de François Villon ?

C’est tout à fait exact.

Mais pourquoi avez-vous appelé l’un de ses textes « Ballade des Dames du temps jadis » ? Ce titre n’est pas de lui…

Il m’a semblé que cet intitulé convenait ici. « Ballade des neiges d’antan » m’aurait semblé trop plat. « Dites-moi où n’en quel pays », la simple reprise du premier vers, aurait été considérée comme une facilité de mauvais aloi…

On ne sait pas grand-chose sur Villon ?

C’est vrai. C’était un « écolier » parisien, une sorte de mauvais garçon qui hantait le cabaret de la pomme de pin, fréquentait les Coquillards, des gueux et des voyous,  mais c’était surtout un immense poète. Je lui dois tout.

D’après vous, a-t-il été pendu ?

C’était un pendard, mais je ne pense pas qu’il ait été pendu. Il a disparu de la circulation, un beau jour, comme mon valet de Gascogne... On ne l’a jamais revu… Peut-être a-t-il été tué au cours d’une rixe ? Peut-être a-t-il croupi dans un cul de basse-fosse ?

Un vrai Panurge, jouant mille tours aux sergents du guet ?

Sentant la hart de cent pas à la ronde… Au demeurant, le meilleur fils du monde…

On dit aussi que François Villon aurait dirigé une troupe de comédiens en Poitou ?

Oui, il aurait monté un « mystère » à Saint-Maixent, mais ce n’est peut-être qu’une rumeur…On se perd en conjectures…

Dans vos chansons de mal mariées, pourquoi le vieux maris sont-il envoyés en Cornouaille ?

Parce que c’est le pays des « cornes ». De la même façon, Maître François disait : « Adieu je vais à Niort » : il fallait comprendre que si on l’accusait d’un méfait quelconque il le nierait. Quant aux dames de « Saint Géneroux » qui l’auraient accueilli, c’étaient peut-être des personnes « généreuses » tout simplement.

On vous dit volage. Pourtant vous avez célébré la fidélité dans le rondeau du bon vieux temps ?

Oui, la fidélité, c’est un des aspects les plus précieux de l’amour du temps jadis. Au bon vieux temps un train d’amour régnait !

D’où vous vient votre inspiration satirique ?

J’ai fait des études de droit, j’ai fait partie de la basoche. On passait son temps à se moquer des uns et des autres.

Une jeunesse heureuse ?

Sur le printemps de ma jeunesse folle, je ressemblais l’hirondelle qui vole…

Votre « Adieu aux dames de la cour » est particulièrement poignant

Oui, car j’y évoque la solitude : « Adieu qui n’est aimé de nulle, et ne sert qu’à tenir la mule »…C’est aussi un départ pour la guerre, donc quelque chose de définitif…

L’époque ne vous semble pas terrible ?

Rien que pleurs feints on oit…

Vous aimez passer du coq à l’âne ?

Oui, beaucoup            . Je trouve cela amusant, et j’en profite pour rimailler.

Vous êtes surtout connu pour votre épître du lion et du rat ?

Un lion, plus fort qu’un vieil verrat !

On prétend que vous avez été très malade ?

Ne vous en faites pas, ça  va mieux. C’est une lourde et longue maladie de trois bons mois, qui m’a toute étourdie la pauvre tête…

Vous avez beaucoup maigri ?

J’ai la cuisse héronnière, l’estomac sec, le ventre plat et vague…


20.2.8.

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